Les nouvelles républiques latino-américaines, bien que fondées sur des idéaux libéraux, n’ont pas radicalement changé les divisions sociales imposées par le colonialisme. Les petites élites se sont consolidées, nourries par l’exploitation des grandes majorités. Avec des processus d’industrialisation encore naissants, c’est dans les campagnes que s’expriment les plus grandes inégalités, mais c’est là aussi que naissent des poches de lutte et de résistance pour défier les oligarchies foncières à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Des groupes tels que les Cangaceiros au Brésil se sont fait justice eux-mêmes, devenant des légendes du folklore, tandis qu’au Venezuela, Ezequiel Zamora et son armée de paysans ont allumé les feux de la rébellion. Les mouvements ruraux ont également été les précurseurs de l’organisation syndicale. L’un des épisodes les plus emblématiques de ces luttes a été la «Patagonie Rebelle», une série de grèves à grande échelle des travailleurs ruraux, principalement des agriculteurs (métayers), brutalement réprimées par le gouvernement argentin dans les années 1920.