Saltar al contenido

III. Le rôle de la Grande-Bretagne dans la consolidation du projet colonial sioniste

Deuxièmement, dans un calcul d’ordre géopolitique, étendre la sphère d’influence britannique à la Palestine aurait également permis de sécuriser les intérêts britanniques au Moyen-Orient. Tout d’abord, ce sont les temps de la découverte de nombreux gisements de pétrole dans la région, une ressource qui, évidemment, en temps de guerre et de développement du processus d’accumulation capitaliste, nourrit les appétits des grandes puissances. De plus, la Palestine représentait une zone tampon entre le Canal de Suez (la Grande-Bretagne occupe l’Egypte depuis 1882) et les territoires sous l’influence de la France, puissance hégémonique au Moyen-Orient à l’époque. En effet, malgré une alliance de circonstance en fonction anti-allemande pendant la guerre, les deux puissances étaient engagés en une sorte de guerre froide inter-impérialiste, la Grande-Bretagne visant à éviter une expansion française dans la région et y établir sa domination1.

« Cher Lord Rothschild,
J’ai le grand plaisir de vous transmettre, de la part du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration suivante de sympathie avec les aspirations juives sionistes, qui a été soumise au cabinet et approuvée par lui.
«Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et fera tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte soit aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, soit aux droits et au statut politique dont les Juifs disposent dans tout autre pays.»
Je vous serais obligé de porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste. »

— Arthur James Balfour, Ministre des affaires extérieures de Grande-Bretagne

La Déclaration de Balfour ouvra la voie directe à la création des conditions pour une immigration juive massive vers la Palestine et le développement d’institutions et structures réservées aux juifs ; deux préconditions à la création de l’embryon d’Etat juif. Il est à relever que la Déclaration entrait en contradiction avec les engagements pris par les Britanniques envers les puissances arabes au cours de la guerre, tels qu’ils apparaissent dans la correspondance entre Sir Henry McMahon (Haut-Commissaire britannique en Egypte) et Hussein ben Ali (Chérif de La Mecque)2. En substance, les Britanniques y assuraient de reconnaître l’indépendance d’un grand Royaume arabe souverain, avec la dynastie des Hachémites3 à sa tête.

Pendant l’été 1919, les États-Unis établirent une Commission d’enquête pour les zones de l’ancien Empire ottoman : la Commission King-Crane. Son objectif était de conduire une analyse la situation ethnico-sociale dans les différents pays et de recueillir des informations concernant les désirs des différents peuples4. En examinant la situation en Palestine, la Commission fit aussitôt des constats édifiants. Dans le rapport de la Commission, King et Crane qualifiaient le projet sioniste de plan « extrême » qui devait être modifié afin que les droits de tous les peuples vivant en Palestine soient respectés. Le rapport soulignait que la presque totalité de la population non-juive (qui représentait la grande majorité de la population totale) était fortement opposée au projet sioniste et que cela devait être pris en compte.

Comparte

Deja una respuesta

Tu dirección de correo electrónico no será publicada. Los campos obligatorios están marcados con *

Este sitio usa Akismet para reducir el spam. Aprende cómo se procesan los datos de tus comentarios.